La Fatou ne sait quoi faire de ce temps d'incessantes pluie. Elle sort néanmoins tous les soirs et ne rentre que vers23h30 et profite des rares moments de soleil.Elle a besoin de se dépenser sinon se venge sur le tapis qu'elle bourre de coups de pattes rageurs. Les après midi s'étirent sans aucune chance de sortir de la grisaille. Je m'allonge sur le canapé et elle vient se blottir contre moi, nous dormons!

La Fatou a fait une mauvaise rencontre. J'avais remarqué qu'elle n'arrivait plus à se faufiler par la chatière et qu'elle boitait un peu.Elle restait couchée , résignée.

C'était un abcès, conséquence d'une morsure.  Le vétérinaire l'a endormie, opérée et a posé un drain. Elle a hérité d'une collerette qu'il a fallu maintenir pendant dix jours et ça c'était bien le pire!

Elle si libre, si indépendante.  Une semaine pénible, de courtes nuits agitées. J'ai fini par adopter son rythme, je menais une vie de chat.

En dépit de toutes les misères que je devais lui faire subir , tous ces soins, elle ne m'en a jamais voulu et se réfugiait sur mes genoux , une tendresse très touchante.

Je suis très sensible à la souffrance animale comme à celle des enfants: une impossibilité à penser le mal et la douleur.

La voilà tout à fait rétablie, nous sommes retournés en ville pour passer la mauvaise saison. Ah le charme du chauffage central!

Serait ce une façon de me dire: Pfft, j'en fais autant avec mon cul!

Une incitation à rester modeste.

La Fatou vient me ronronner dans l'oreille vers deux heure du matin, comme je suis dans mon premier sommeil je la caresse un peu et voilà qu'elle me mord. Oh elle ne me fait aucun mal, juste un avertissement: laisse moi m'installer comme je veux. Mais je sens bien que je ne me rendormirai pas. Je la vire sans ménagement et finis par me lever et me remet à travailler sur mon dessin. Elle retourne dans son panier et se rendort comme une bienheureuse, moi je culpabilise de m'être énervé.

 Quand je la regarde dormir toute abandonnée cela m'apaise mais bon je n'ai plus qu'a attendre le matin.....

Je finis par me recoucher sur le canapé du salon et la voilà qui saute de son panier pour me rejoindre, se blottir à mes pieds et frotter ensuite ma joue .....

Il est une heure du matin et je n'arrive pas à m'endormir. Vers 23H je suis descendu pour faire rentrer la Fatou comme tous les soirs mais voilà qu'elle s'est laissée enfermer dans le garage à vélo du bâtiment voisin dont bien sûr je n'ai pas la clé.

J'ai attendu un peu si jamais quelqu'un rentrait chez lui mais rien. J'entendais ses miaulements déchirants, j'ai essayé de vieilles clés....peine perdue.

Alors je suis rentré et me suis remis au tableau que je suis en train de travailler: Richard à la piscine. J'avais dessiné les plots du bassin sur lesquels j'ai posé ...trois silhouettes de chat. Vivement le matin. C'est fou comme je suis attaché à cette chatte.

Vers trois heures du matin je l'ai entendu toute proche: elle était devant la porte. Comment  avait elle fait?

Elle est venue se blottir contre moi jusqu'au matin.

La Fatou sentant les beaux jours arriver se promène dans les jardins et sur les toits. Elle a même un amoureux ce chat roux très doux et patient dont elle tolère les hommages.

L'hiver m'engourdit sournoisement. Me sortir de cette torpeur me demande un grand effort. Alors j'ai fais de l'exercice avec la Fatou, une folle partie de course poursuite sur la pelouse. Elle est jeune et joueuse, c'est un plaisir!

Avec la Fatou mes journées commencent selon un rituel bien établi. De bon matin (et je suis poli) elle se love à côté de moi sur le lit et par un contact avec mon corps me signale sa présence, ronronnant doucement. je la caresse distraitement au sortir de mon sommeil.

Si je tarde un peu à réagir elle me mordille très délicatement, il est temps de lui ouvrir la porte. Elle ne fait jamais ses besoins dans l'appartement, pas besoin de litière, c'est chic de sa part!

Elle est assez connue dans l'immeuble et revient quand les gens qui partent au travail lui ouvrent la porte, elle gratte à la mienne pour rentrer et saute sur mes genoux.Si le temps est maussade elle roupille dans son panier ou s'installe sur la table et me regarde peindre.

Je la mets dehors l'après midi afin qu'elle se dépense sinon elle attend la tombée de la nuit pour entreprendre une longue ballade nocturne. J'agite mon trousseau de clés pour la rappeler qu'elle entend de très loin.

Quelques fois elle peut se monter facétieuse et me faire attendre un peu, grimpée sur le mur, je fume une cigarette et elle finit par me rejoindre   quand elle a pris sa décision.

L'autre jour une véritable nuit d'été: la Fatou à minuit faisait la folle, m'incitait à une partie de cache cache débridée assez peu de mon goût à cette heure tardive mais bon.... En général elle n'abuse pas de la situation.

Pendant le confinement j'ai craqué.